02/06/12

Excision féminicide à la chaîne à Nevers

Avant-propos http://susaufeminicides.blogspot.fr/2011/11/feminicides-definis.html
Diane de Poitiers et le "coup de Jarnac"*
Ce matin aux aurores, j'ai pris la botte de Nevers dans la figure - Ce premier juin aux Assises nivernaises, consternante condamnation d'excision sur quatre fillettes, pour violences à deux ans et quelques mois... de "ne pas y toucher", comme si de rien n'était... ou presque.[1]

D'annihilation des Droits Universels de celles-ci qui ne bénéficient donc que d'une très mince protection sur le territoire des Droits de l'Homme. Pour la forme ? Tout y est du paternalisme et de la condescendance, pauvre étranger inapte à comprendre inféodé au droit coutumier, nous allons, nous, te faire une fleur... Et préparé l'appel avec les infantes amenées là pour pleurer bien fort à la condamnation des parents exciseurs. Ce ne sont pas des quadruplées, il y a donc eu réitération obstinée années après années de ce "féminicide excisionnel". Voir typologie des féminicides
[2]

Comment se féliciter de condamnations bénignes, a minima, alignée -faut-il congratuler les bons élèves devant l'"exemplum" bien suivi ?- qui ne disent en rien l'extrême gravité du crime excisionnel féminicide, un an en Côte d'Ivoire pour neuf exciseuses ? Ni décourageant les vocations de ce "business" juteux et de statut social, ni de la récidive - Sitôt sorties, sitôt repris ! C'est un coin dans le droit universel à l'intégrité qui voulait servir à abattre le servage et l'esclavage (c'était en bonne voie mais l'on fait bien tout aujourd'hui car le commerce des êtres est bien le plus lucratif aux yeux de certains... )[3]


J'eus un faux espoir lorsque je lus que "la loi sur l'excision doit s'appliquer dans toute sa rigueur".[4]


Mais non  toujours pénal du bout des lèvres :(( Code pénal "françois" ne "reconnoît" point autre chose que ce que je relis et je relis, incrédule, mais je n'y vois rien qu'un tout petit morceau de ce qu'est l'excision féminicide :

"Violences ayant entraîné une mutilation permanente -dix ans d’emprisonnement, 150 000 euros d’amende ; victime mineure moins de 15 ans, crime passible de 15 ans de réclusion criminelle, 20 ans si le coupable est un ascendant légitime" (Code pénal, art 222-9 et 222-10)
! C'est botter en touche, de la même façon que certains "féminicides conjugaux" limités à "meurtre commis en cas d'intention indirecte indéterminée".[5]
Des pays disent le mot mais pas le nôtre, la Suisse depuis le dimanche 2 juillet 2012 met une croix. Ouf, les petites filles y sont enfin protégées explicitement de cette coutume, alors que les vaches bénéficiaient de plus de pitié depuis l'interdiction d'abattage rituel datant de 1893 ?
"l’article 124 du Code pénal interdit les mutilations génitales féminines, qu’elles soient pratiquées en Suisse ou à l’étranger. Toute personne qui pratique ou encourage les MGF en Suisse ou à l’étranger, avec ou sans l’accord de la fille, encourt au minimum 180 jours amende et au maximum une peine de prison de 10 ans. L’infraction est poursuivie d’office." 
Statistiques introuvables au Québec tant des excisions féminicides que des "rexcisions" ? - Dans le même journal régional, vous aurez l'honneur d'apprendre que l'on réinfibule comme au Québec... Plus de vieillot point de courtoisie du mari, une vraie couture à la machine électrique, moderne ? 
"(...) pratiquaient une césarienne et laissaient l’infibulation. Autre attitude: on enlevait l’infibulation mais on la rétablissait après l’accouchement (...)"[6]
Belgique 13 112 -
"Par rapport à une étude similaire réalisée en 2008, le nombre de femmes "très probablement excisées" a plus que doublé (6260 en 2008). "Cela est dû à la prise en compte de nouvelles données, notamment concernant l'Irak (où la prévalence des mutilations génitales féminines est de 8%, ndlr)"[7]
Que ces petites personnes déflorées, immanquablement filles, amputées d'une partie de leur organe sexuel reproducteur et de plaisir mutilé avec intention de nuire par système de droit coutumier localiste et international de domination criminelle avec torture pour diminuer, défaire, brimer, mater, réduire, "calmer", "civiliser" (selon les propres termes en vigueur sur le terrain), qu'en fait-on ? Pédocriminalité en champ incestuel. Rien à condamner ? Pourtant, les premiers procès (76) ont laissé le temps de voir la montée par les rapports de l'INED, les alertes des ONG, etc. Le 8 janvier 1993, une Gambienne

"condamnée à une peine de prison ferme pour avoir fait pratiquer le rite de l'excision sur ses filles" (Maurice Peyrot)
Et ne vous consolez pas avec la chirurgie reconstructive de l'urologue bienfaiteur de l'humanité qui l'a mise au point, l'opération permet au bout d'un an à seulement (environ) moitié de ressentir l'orgasme. ET puis au rythme de 223 à l'heure, il ne pourra pas tenir le rythme d'inversion de la vapeur... [8]

Θεμις-Thémis "sage conseillère" pour l'heur anémiée fait fi de ses prérogatives. Peut-être mal conseillée elle-même par anthropologues et ethnologues culturalistes et relativistes (ah le statut social de la femme excisée... qui permit dès les premiers procès de minimiser ?) ? En panne de pouvoirs, encore une femme qui s'incline, ou bien peut-être n'est-elle pas encore revenue des constellations ? Peut-être, est-ce sa fille Δίκη-Dikè qui lui manque. A elles deux, elles auraient été plus fortes ? En un mot, elle me semble bien pâlichonne, essoufflée même. Où elle a doublé son bandeau ou déréglé sa balance où l'enfant ne pèse pas plus que plume ? Et ne voit-elle pas les jugements qui affaiblissent l'autorité de l'Etat en allant contre notre hiérarchie des normes. Au sommet, cette "liberté" qui n'offense ou ne blesse pas autrui & égalité, notamment femme.homme et quelles que soient ses origines et son âge :

- Le message de l'interdit social par normes (coutumières ou de droit non coutumier) décline la mentalité de tout groupe. Comment vouloir changer des mentalités sans poser le cadre préalable et le maintenir fermement ?

- Cet interdit social de prévention majeure avec hauteur de la sanction en signal de fond permet l'éducation. Sans ce cadre, aucune émancipation ne sera acceptée par personne.

- Tous les enfants vont à l'école, sont vues par les médecins scolaires, sont suivies dans les Protection Materno Infantiles, des informations organisées pour expliquer la loi française.


- La notion de mesure du crime par le montant de la peine est similaire dans tous les pays et sur tous les continents.

- Le droit fait en premier pour protéger. Il est donc incompréhensible et illusoire de vouloir protéger les victimes sans dire la gravité de l'acte criminel avec force, précision, au complet, dignement. Avec "Equité : règle de conduite basée sur la justice, l'impartialité". cf. "Le glaive et la balance, symboles et principes de la justice"[9]


Dikê & Thémis - Allégories de la Justice
Pourquoi baisser la garde devant le droit coutumier et étranger ? L'on se demande bien pourquoi une société de Droit imposerait ses propres textes fondateurs, vieilleries datant de 1789 repris par l'Organisation des Nations Unies & l'Union Européenne... ? Aurait-elle peur du ridicule ? Quant à l'Union Africaine, où plutôt aux pays dont les ressortissants exciseurs, j'allais oublier de vous parler du Protocole de Maputo in Charte. Que nous en disent les instances d'assises bourguignonnes, tout cela reste lettre morte en ce qui concerne ces quatre gamines, et toutes celles d'avant ?[10]

Les recours envisagés sont puissants ! Sensibiliser les populations, payer les exciseuses si elles s'engagent à abandonner la rémunératrice, en statut social et écu, mutilation féminicide. Pensez donc combien de temps durera leur mémoire d'arrêter d'user du couteau ! Dès que tout le monde sera reparti, les caisses vides, le vent tourné, les vieux travers reviendront au galop.



Moi qui croyais que les Droits universels de l'homme avaient été écrits contre les privilèges et l'asservissement -y compris sexuel, sexiste, misogyne, non ?- Puisque "universels" antithétique à "relativisme", je ne peux que conclure qu'ils sont bafoués en grandes largeurs, en lettre & esprit.


Et, pour mémoire, l'émasculation coûte perpétuité avec 30 ans de sûreté lorsqu'il y a meurtre, où l'on voit là le poids symbolique de la peine et l'interdit social y généré sans faute (et efficace dirait-on ? Il vaut donc mieux pour le condamné que la victime survive à l'amputation de son sexe, et que ce soit une fille. Sinon, ce seront six ans comme en Espagne le mois dernier...
"Le cas du couple de Gambie condamné à Teruel (Espagne) à six et deux ans de prison respectivement pour pratiquer la mutilation géntiale féminine (MGF) sur sa fille d'à peine un an" / "El caso del matrimonio de Gambia condenado en Teruel (España) a seis y dos años de prisión respectivamente por practicar la mutilación genital femenina (MGF) a su hija de apenas un año"[11]
Pourquoi dans une immense ambiguïté est-il dit que c'est un très grave crime mais en même temps nous dédouanons en grande magnanimité et annonçons une sanction de chiquenaude en regard de cette récidive à quatre reprises d'amputation dont les séquelles ne seront jamais effacées. Même si la restauration chirurgicale partielle pourra soulager certaines de leurs cicatrices à ces quatre jeunes femmes, elle ne leur rendra jamais leur zone érogène de 8 000 terminaisons nerveuses parties dans un seau, le traumatisme des deux opérations, le contrôle, la maîtrise de leur vie sexuelle jusqu'à leur organe même. Du même ordre que les stérilisations forcées affreusement subies aux Amériques ou chez d'autres despotes, toujours couteaux mis en appareil. Contradictions, inconséquence jusqu'à l'anomie ou retour en force au droit coutumier ?

Par dessous tout heureusement, notez qu'il n'existe pas d'excision systémique (coutume ou autre) ni systématique du pénis des garçonnets propre à les calmer, "démasculiniser", marier, abattre, garder sage, soumis, respectueux. Qu'il n'y a donc aucune équité à comparer ; cela est même gravement discriminatoire. Non, les hommes ne sont pas victimes de violences masculicides, au pire de violences androcides au sens qu'elle achoppe à leur sexe, pas plus.

A savoir qu'il est désormais estimé par EIGE qui planche sur le sujet que 180 000 habitantes (Union Européenne 503 824 373 habitants) en risque :

"On 10 May 2012 experts from the EU Member States met in Vilnius to discuss the findings of the first phase of EIGE’s project on mapping the current situation and trends of female genital mutilation in the EU 27 and Croatia."[12]
Sous d'autres cieux, 5 % des excisées vivraient expatriées en Europe de l’Ouest, Amérique du Nord et d’Océanie -Australie, Nouvelle Zélande-, environ 6,5 millions.

J'espère que ces enfants bénéficieront de chirurgie réparatrice de récupération de leur clitoris et que plus de deux d'entre elles pourra accéder au retour d'orgasme par ce moyen (au bout d'un an) mais tout de même, d'un côté, les fêtes rituelles et, de l'autre, les cliniques (heureusement remboursées par la Sécurité sociale)...

Mais je suis donc bien forcée de dire, qu'à défaut de vivre sous un joug de phallocratie pure et dure, nous vivons sous ambiance "phallocrite" (phallocrate et hypocrite), toujours tâtonnantes vers l'égalité.


Et à leur insu qui plus est... et, en douce, en vacances pour couronner ce rituel de torture.[13]

Christine Gamita, Ph. D., ethnologie

La botte de Nevers[14]
Notes de bas de page
  _______


* https://fr.wikipedia.org/wiki/Diane_de_Poitiers
"Le coup de Jarnac est, en escrime, un coup porté à l’arrière du genou ou de la cuisse. L'expression devint synonyme d'habilité puis pris une connotation péjorative :  "jouer un mauvais tour auquel on ne s'attend pas »" http://cupertino.canalblog.com/
Odelette, p. 280, Jean Vatout, Le Château d'Eu, notices historiques. Tome 1, imp. de F. Malteste, Paris 1836 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6524728p/f300.image


[1http://bourgogne.france3.fr/info/nevers-3eme-jour-du-proces-de-l-excision-74170551.html


[10http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/02/protocole-de-maputo-pour-legalite-et.html

[11http://www.feminicidio.net/noticias-de-asesinatos-de-mujeres-en-espana-y-america-latina/redaccion-propia-de-noticias-sobre-violencia-de-genero/1003-primera-sentencia-en-espana-contra-la-mutilacion-genital-femenina.html

[12] http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/05/feminicide-excisionnelarchiveue.html

[13]  http://www.liberation.fr/societe/2012/06/26/c-est-seulement-a-12-ou-13-ans-que-j-ai-compris-qu-on-m-avait-coupe-le-clitoris_828986

[14] Affiche - Le bossu http://www.unifrance.org/film/2640/le-bossu
D'après le roman de Paul Féval https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Bossu
"2. La botte de Nevers - C'est un coup d'escrime particulier où le Duc de Nevers touche son adversaire au front après une succession de parades de tierce et de prime.http://cupertino.canalblog.com/archives/2010/11/13/19594633.html
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2 commentaires:

  1. à Nevers... j'hallucine ! Je n'arrive pas à associer Nevers avec ce genre d'ignomonie.
    Oui pour les hommes et les femmes il y a une justice à deux vitesses comme pour les maîtres et les esclaves.
    Merci pour ces infos. Elles sont importantes.

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  2. C'est bien naturel et de mon devoir de contribuer (même faiblement) à ce que cela cesse. Et il faut que je rattrape toutes mes années de silence. Dans les années 90 revenant d'Afrique où confrontée à la guerre civile, j'y avais initié -malgré ma volonté de suivre les rituels pyrobates nyungwés, forcée, d'être dans le bain- mes recherches sur la violence sexospécifique. Et, à mon retour une sixaine d'années plus tard à Paris même, stupéfaction, j'ai été ébranlée d'apprendre la tenue de fêtes d'excision dans l'immeuble de la rue Jacques Louvel Tessier. Ce qui m'avait laissé sidérée, hébétée. Pourtant avec le sac à dos que je portais déjà, j'aurais du être plus réactive... Mais j'avais fort à faire à changer de métier et à tenir mon rôle de mère seule. A présent, j'ai enfin eu le temps de retrousser mes manches et de continuer cette ethnographie de mes propres quartiers ! Qui sont aussi le nord de la Nièvre, où je passe toutes les grandes vacances devenant un peu pays de substitution, l'Ardèche étant trop loin. Alors pensez Euterpe comme je suis concernée et consternée...
    "Femme, prolétaire du prolétaire" Flora Tristan et Louise Michel -et bien d'autres le répétaient-

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